I may destroy you, Breeders, What we do in the shadows
Cet été ne sera pas très riche en séries originales, mais il reste quelques pépites à se mettre sous la dent.
I may destroy you (HBO / OCS)
Je vous ai déjà parlé de Chewing gum, le précédent projet piloté par Michaela Coel, autrice britannique qui revient avec une série coup de poing, marqué par le même goût du poil à gratter et la même honnêteté radicale. Dans I may destroy you, Michaela Coel (qui écrit, réalise et joue) est une jeune écrivaine, Arabella, qui écrit un livre après s’être fait connaître sur Twitter. En pleine écriture, elle sort avec des amis dans un pub et, sous l’emprise du GHB, est violée. La prise de conscience se fait lentement au départ, puis d’un seul coup, et voilà Arabella qui doit gérer les suites de cet événement, son impact sur ses relations, son écriture, sa vie.

Est-ce qu’il faut vraiment préciser que c’est une expérience qu’a traversé Michaela Coel pendant la rédaction de la saison 2 de Chewing gum ? Peut-être, mais la série n’en pose pas moins des questions universelles. Plus que le récit très contemporain d’une jeune femme et sa vie après un viol, les hauts et les bas de la reconstruction, la catharsis que peut constituer l’écriture, I may destroy you raconte aussi nos vies hyper connectées, notre rapport au consentement et à la “zone grise”. Souvent crue et sans fard, la série interroge nos identités, comment celles-ci évoluent au gré de nos expériences, et nous pousse à l’introspection. Ce n’est sûrement pas le programme léger de l’été dont vous rêviez, mais c’est indispensable.
Short & sweet : What we do in the shadows et Breeders
What we do in the shadows (FX / Canal +)
Ceux qui ont vu le mockumentaire (Vampires en toute intimité en VF) de Taika Waititi sauront de quoi il s’agit, pour les autres, un mot de contexte : quatre vampires vivent en colocation à Staten Island où franchement ils végètent, loin du mode de vie glorieux et sanglant auquel on pourrait s’attendre de leur part, suivis par une équipe de documentaristes. Ces quatre-là sont franchement les plus mauvais vampires du monde, pas effrayants pour deux sous, ridicules, et affublés d’un familier, Guillermo, qui rêve d’être vampire, mais voit son rêve s’éloigner de lui chaque jour. C’est drôle dans le genre absurde, comme l’enfant illégitime de The Office et de Dracula, mort et heureux de l’être de Mel Brooks. Deux saisons sont disponibles, soit 20 petits épisodes pour occuper les jours de pluie.

Breeders (Sky / Canal +)
Elles sont nombreuses, les comédies sur la parentalité. On ne donnera donc pas la prime à l’originalité à Breeders, qui se démarque davantage par son humour grinçant et l’excellence de son duo de parents, incarné par Martin Freeman et Daisy Haggard (parfaite en détenue libérée après une longue peine dans Back to life). Tous deux se débattent avec l’éducation de leurs enfants, entre l’envie d’échapper aux schémas parentaux et gestion du quotidien. Il y a surtout, chez Paul, incarné par Martin Freeman, une colère et une angoisse permanentes qui bouillonnent sous la surface bonhomme. Comme les anglais savent parfaitement le faire, la série oscille entre la comédie et le drame en permanence, ne choisissant son camp que dans les deux derniers épisodes.
Un peu plus de lecture
Je l’avoue, j’ai une grande passion pour les faits divers et les tueurs en série. En tant que femme, c’est un peu comme être un poulet qui ne rate pas un épisode de Top Chef. Mais je frétille toujours quand on m’annonce une nouvelle série avec un serial killer, et si c’est avec David Tennant, c’est encore mieux.
Michaela Coel est, à 32 ans, une vraie météorite. A lire, un portrait très fouillé (en anglais)
Le crossover le plus sexy de l’année c’est entre Marianne et Connell de Normal People et le “Hot priest” de Fleabag, et c’est pour la bonne cause.