Mare of Easttown, Underground railroad, Made for love
Ca fait un bail non ? Et je ne peux pas complètement blâmer le Covid, on va dire que j'avais d'autres trucs sur le feu, mais me revoilà !
Mare of Easttown (OCS)
Mare (Kate Winslet) est enquêtrice dans sa ville natal, Easttown, un bled des environs de Philadelphie, loin des pelouses manucurées des universités de l’Ivy League pourtant toutes proches. A Easttown, on est plutôt dans le monde des petites classes moyennes qui se sentent abandonnées, entre chômage et addiction aux opiacées. On rigole pas tous les jours donc, encore moins quand est assassinée une adolescente mère d’un bébé, un an après la disparition d’une autre ado, dont Mare porte comme une croix son échec à ne pas l’avoir retrouvée.
Il est surtout question de famille dans Mare of Easttown, d’une famille élargie à la communauté de la petite ville jamais quittée pour Mare, devenue flic à la suite de son père. Des histoires de famille tragiques, pleine de problème de santé mentale non résolus. L’enquête policière, pour prenante qu’elle soit, avec son lot de révélations et de surprises, passe presque au second plan derrière la vie de Mare, qui se débat avec ses propres démons, ses deuils impossibles à faire et le futur pourtant à construire. Mare of Easttown est, comme son titre l’indique, le portrait d’une femme en reconstruction, et à ce jeu-là, Kate Winslet livre une performance parfaite, pleine de nuances et de contradictions. Autour d’elle, le reste du casting n’est franchement pas en reste, de sa fille, interprétée par Angourie Rice (que j’ai eu du mal à replacer comme la peste blonde de Spiderman Homecoming) et la grande Jean Smart, sa mère, ressort comique de la série. Une bien belle série de prestige à ne pas manquer.
The Underground Railroad (Prime video)
Série de prestige bis : le roman de Colson Whitehead, the Underground Railroad, adapté par Barry Jenkins, est probablement l’un des évènements sériels de l’année. Cora (la révélation Thuso Mbedu, qui porte littéralement la série), esclave d’une plantation de Géorgie, abandonnée par sa mère, tente de fuir vers le Nord pour trouver la liberté. Entre Cora et le chasseur d’esclave chargé de la traquer, c’est un périple à travers les Etats-Unis qui s’engage. En chemin, elle emprunte le chemin de fer souterrain, vrai voie de la liberté pour les esclaves, que la licence poétique de Colsonwhitead imagine comme un véritable train sous la terre parcourant les Etats-Unis pour libérer les esclaves noirs.
The Underground Railroad échappe un peu aux canons de la série, sans être toutefois un long film : c’est un objet hybride, qui emprunte à la première son chapitrage, avec des épisodes longs, voire très longs (jusqu’à 1h20), et au second son ambition formelle. S’il y a une chose qui frappe dans ce récit pourtant très dur et noir, c’est sa lumière, très belle, qui contraste souvent avec les images parfois difficilement soutenables, ambiance 12 years as a slave. Pas vraiment la série à binger en un week-end donc, mais une très belle adaptation.
Made for Love (HBO Max)
Un peu de légèreté enfin : Hazel, (Cristin Milioti, l’évadée permanente de Palm Springs, chaudement recommandable), tente d’échapper à son terrible mari, magnat des nouvelles technologies, Byron Gogol (Billy Magnussen), qui lui a implanté une puce lui permettant de lire ses pensées. Il en est persuadée, c’est le manque de communication qui fait échouer toutes les relations amoureuses, et sa nouvelle technologie, “Made for Love'“, va révolutionner l’amour.
Parodie de nos vies hyper connectées, Made for Love tourne en dérision avec efficacité les GAFAM et autres promoteurs de nouvelles technologies, qui veulent aller toujours plus loin dans l’espionnage de nos vies. Plus que Hazel, attachante dans son rôle de paumée qui cherche à retrouver le contrôle de sa vie, c’est Byron Gogol et ses acolytes qui font le sel de cette série. Méchant cartoonesque, enfant gâté qui ne comprend pas le refus d’Hazel de se soumettre à une vie d’indolence dans une villa en plein désert, Byron Gogol est une incarnation de la masculinité tellement toxique et ridicule qu’elle en devient hilarante.
Un peu plus de lecture
Que regarder en cette saison estivale, traditionnellement haute saison des séries de prestige ? Vulture a la réponse.
Dans ma quête de séries à chroniquer, j’ai un peu fouillé le catalogue de Salto : j’y ai vu une bonne série avec Martin Freeman en inspecteur de police traquant un serial killer dans le sud de l’Angleterre, A Confession, et une mauvaise suite du Silence des agneaux, Clarice, qui m’a fait amèrement regretter Hannibal, toujours absent des plateformes de streaming 😭.
Shrill a tiré sa révérence avec une troisième saison que je ne peux que chaudement vous recommander (sur Canal +). Plus que jamais, Annie est le role model que j’aurais voulu voir quand j’étais ado, avec toutes ses failles, et sa garde-robe que je trouve personnellement fabuleuse.
En ce moment je vis chez ma maman, et on galère un peu à trouver des programmes communs (surtout parce qu’elle ne regarde pas en VO 😱 ), mais on a regardé HPI (Haut Potentiel Intellectuel) sur TF1. C’était plutôt frais, principalement grâce à l’énergie d’Audrey Fleurot, mais pas sans défauts... Et ça a fait un carton, succès sur lequel revient Signes des temps sur France Culture.