Normal People, Little fires Everywhere, Mes premières fois
A découvrir cette semaine dans Sérielle
C’est le premier numéro de Sérielle ! Tous les 15 jours, Sérielle c’est des mini-chroniques, des recommandations de série, un épisode “doudou” à voir et à revoir, une revue de web sur le thème des séries, et un petit bonus.
Bonne lecture !
Normal People (BBC/Hulu, 2020)
Mon coup de coeur absolu du confinement. Adapté du roman du même nom de l’irlandaise Sally Rooney, Normal People est une histoire d’amour entre deux jeunes gens, Connell et Marianne, originaires de Sligo en Irlande, en même temps qu’un récit sur le passage à l’âge adulte. Du lycée jusqu’à la fin de leurs études à Dublin, au prestigieux Trinity College (pas celui des Royaumes du Nord hein), on suit, sur 12 épisodes de trente minutes, Connell et Marianne qui s’aiment, se quittent, se retrouvent et traversent le moment de bascule entre l’adolescence et l’âge adulte.

Ca ne pourrait être qu’une banale histoire d’amour télévisée, avec des protagonistes blancs, beaux et intelligents. Sauf qu’en filigrane, il y a la question lancinante de la différence de classe sociale : la mère de Connell travaille en tant que femme de ménage dans la maison de Marianne, que ses camarades de classe appelle “le Château”. La question est là, subtile, et enrichit considérablement un série par ailleurs incroyablement sensuelle et émouvante (personnellement j’ai pleuré tout le long des deux derniers épisodes. Spoiler, je suis une grande pleureuse). A voir absolument.
Mentions honorables : Mes premières fois (Netflix, 2020) et Little Fires Everywhere (Hulu, 2020)
Comme nos vies sociales ne vont pas vraiment reprendre au rythme effréné d’avant, deux petites séries pour la route.
Mes premières fois, c’est le nouveau bébé de Mindy Kaling (The Office, Mindy project), qui se penche sur l’adolescence d’une jeune américaine d'ascendance indienne, Devi, vaguement obsédée par le sexe et les relations avec les garçons. C’est mignon, c’est frais, ça coche toutes les cases sur la représentation, et ça reste plein de bons sentiments. Toutes proportions gardées, la série m’a par moment fait penser à Chewing-gum, de et avec Michaela Coel (sur Netflix), en beaucoup moins osée, et beaucoup moins drôle.

Amateur de mini-série de prestige, celle-ci est pour toi. Dans la veine de Little big lies ou de Sharp objects, Little Fires everywhere est une adaptation d’un roman de Celeste Ng (2017). Dans une petite ville de l’Ohio, deux femmes que tout oppose, l’artiste bohême et afro-américaine Mia (Kerry Washington) et la blanche bourgeoise Elena (Reese Witherspoon) s’affrontent sur fond des questions raciales, économiques et de secrets de famille. Comme dans Sharp Objects, il est très fort question de maternité, mais de manière bien moins subtile. Il reste le charme du casting et d’une production haut de gamme, avec une belle reconstitution des années 90. A partir du 22 mai sur Amazon prime.
L’épisode doudou à voir et à revoir
30 Rock, saison 6 épisode 19 “Live from studio 6H” (Amazon prime)
Si vous ne connaissez pas 30 Rock, faites-vous une faveur et allez vite regarder les 7 saisons d’une des sitcoms les plus drôles du 21ème siècle. Liz Lemon (Tina Fey, également créatrice) est productrice d’un late show sur la chaîne NBC qui bat de l’aile, et dont l’existence est bouleversée par l’arrivée d’un nouveau directeur de chaîne, Jack Donaghy (Alec Baldwin). Cet épisode a la particularité d’avoir été tourné “live”, comme le late show dont il est inspiré, le Saturday Night Live, et ça se voit. C’est surtout une ode à la télévision et aux séries, et un épisode que j’adore regarder quand j’ai un coup de mou.
Le livre qui devrait être une série : Freedom de Jonathan Franzen (2010)
Comme beaucoup de gens, j’ai été prise d’une frénésie de rangement au début du confinement, et je suis retombée sur ce livre, acheté probablement en 2010, dont j’avais du lire une centaine de pages avant de l’abandonner. C’était sans doute le moment pour s’attaquer à ce pavé, qui décrit les relations compliquées entre Patty et Walter Berglund, leurs enfants et l’ami de fac de Walter, Richard Katz. La politique, la complexité des relations familiales et amoureuses, du rock indépendant et des questions environnementales, il y a tout ça dans cette histoire qui s’étire sur une vingtaine d’années. Une adaptation d’un autre roman de Franzen, Les Corrections, est en projet depuis plusieurs années, mais semble de pas aboutir. Moi, j’ai déjà mon casting de rêve en tête : Allison Janney pour Patty, et Matt Damon (période The Informant) pour Walter.
Un peu plus de lecture
Si vous avez vu Normal People, vous serez peut-être intéressé par ce qui fait que les scènes de sexe (qui sont nombreuses, on va pas se mentir) ont cette authenticité, sans être pour autant crues : ça s’appelle un coordinateur d’intimité (article en anglais)
Toujours sur Normal People : il y a longtemps, on m’a donné un conseil. Eviter les garçons avec des chaînes et des gourmettes. Je suis en train de changer d’avis (en anglais)
Un petit tout d’horizon des séries à venir. Dans mon planning, The Great, par le scénariste de La Favorite de Yorgos Lanthimos, Space force avec Steve Carell, et I know this much is true, avec le meilleur Hulk (ne mentez pas, c’est le meilleur Hulk), Mark Ruffalo. Il faudra préparer les mouchoirs pour cette dernière, car c’est une série du toujours très rigolo Derek Cianfrance (Blue Valentine, The place beyond the pines).
A dans 15 jours !