On fait le bilan
Et si vous avez ajouté "calmement" d'instinct après ce titre, c'est que vous êtes au bon endroit ! 2020 était une année merdique, mais elle nous a fait le cadeau de plein de temps pour binger.
Et c’est déjà pas mal. Comme le veut la tradition (ou mon inclinaison naturelle à faire des listes et des classements), voici donc venu le temps de se retourner sur l’année et de faire un petit bilan, avec mes 10 séries préférées de 2020.
The Crown, saison 4 (Netflix)
Après une troisième saison un peu fade, The Crown a fait son retour avec une saison haute en couleur et en drames, grâce à la combinaison subtile entre histoire récente et événements juteux. Le casting est toujours parfait, le propos dépasse la simple leçon d’histoire, et j’ai de toute façon depuis longtemps une admiration sans bornes pour Gillian Anderson.
Le Bureau des Légendes, saison 5 (Canal +)
Sans confinement, je doute que je me serai lancée dans un marathon Bureau des Légendes, et je serais passée à côté de quelque chose. Cette conclusion, crépusculaire, qui n’a pas plu à tout le monde, m’a semblé à moi parfaite, tant il m’apparaît que LBDL est une histoire d’amour qui avance, comme ses héros, masquée.
Tiger King (Netflix)
Je l’avoue, celui-ci est un vrai plaisir coupable, et une anomalie parce qu’il s’agit d’une série documentaire. Mais je vous mets au défi de trouver autant de dramaturgie dans une fiction. Est-ce que l’histoire de Joe Exotic et de son zoo pour fauves est une belle histoire ? Non. Mais est-ce de la bonne télé ? Définitivement oui.
High Fidelity (Hulu)
Dire que j’ai abordé High Fidelity avec circonspection serait juste. J’adore le livre que j’ai lu une dizaine de fois, et j’ai même le dvd du film, que j’aime beaucoup également. Mais j’ai vraiment été séduite par l’idée de renverser la perspective et de raconter cette histoire au féminin. High Fidelity n’aura pas de saison 2, qui aurait dû se pencher sur les comparses de Rob, et notamment la très haute en couleur Cherise, et c’est bien dommage.
The Good Place, ultime saison (Netflix)
The Good Place est un peu l’antithèse de 2020. Sauf si vous avez passé 2020 à réfléchir à votre éthique personnelle, dans ce cas c’est totalement 2020. Avec ses twists dans tous les sens, il était parfois compliqué de suivre l’intrigue de The Good Place, mais l’essentiel était d’y trouver un lieu plein de bonté, de chaleur, de générosité, qui ne verse pas dans le gnangnan et qui incite ses spectateurs à devenir meilleurs, avec une galerie de personnages tous plus géniaux les uns que les autres, et un dernier épisode particulièrement réussi.
In my skin (BBC)
Série d’apprentissage première : le grand 8 émotionnel d’In my skin a clairement fait partie des coups de coeur de l’année. En 5 épisodes seulement, sous influence Ken Loach, une série sur une adolescente qui s’imagine une vie normale de classe moyenne, quand la réalité est bien plus morose. Entre moments de grâce et de tristesse, une toute petite série qui a tout d’une grande.
Unorthodox (Netflix)
Sortie en catimini sur Netflix au printemps, Unorthodox est un peu la surprise du printemps. L’échappée belle d’une jeune femme qui fuit son mariage et sa communauté juive orthodoxe de New York pour trouver sa mère et la liberté à Berlin a du résonner bien fort avec nos vies de confiné•es ! Un beau récit porté par l’interprétation intense de Shira Haas dans le rôle d’Esther Shapiro.
Mrs America (Canal +)
Une série de prestige comme on en fait beaucoup ces temps-ci, avec un casting 5 étoiles, qui raconte des faits réels, mais une qui parvient à transcender la simple démonstration historique pour faire résonner son sujet, le mouvement féministe dans les années 70, avec les questions contemporaines. Une série qui parvient à être utile et prenante.
Bojack Horseman, ultime saison (Netflix)
Peu de séries arrivent à être parfaites absolument de bout en bout, Bojack Horseman fait partie de ce panthéon très sélectif. Cette dernière saison était celle de la résolution pour l’acteur-cheval qui se débat avec la célébrité, la dépression et l’alcoolisme. Douce amère, cette fin referme en beauté une série rare, sur laquelle il faut se ruer (sans jeu de mot) si vous ne l’avez pas encore vue.
Normal People (Starz)
C’était mon coup de coeur du printemps, et rien n’est venu détrôner la sublime adaptation du roman de Sally Rooney. Une série intelligente, sensuelle, qui sait parler subtilement des questions de classe sous le vernis du récit d’apprentissage.
Deux séries qui ne sont pas dans le top 10 car elles ne sont pas sorties en 2020, mais que j’ai beaucoup aimée : l’anglo-japonaise Giri/Haji (Netflix), enquête policière sur fond de yakuzas, vrai objet de cinéma et réflexion sur le devoir et l’honneur, et This Way Up (vue en 2019 mais disponible depuis peu sur Canal +), une histoire de soeurs, de solitude et de guérison, avec la toujours géniale Sharon Horgan (Catastrophe).
Si le calendrier des sorties de 2020 a été pas mal perturbé (très peu de mini-séries “prestige”) qui sortent habituellement pendant la saison estivale, l’année 2021 devrait l’être encore plus avec les tournages qui n’ont pu avoir lieu ou ont été décalés. Parmi les victimes de la pandémie, l’immense Succession que je vous encourage très fort à regarder (sur OCS) : une tragédie shakespearienne chez les 1%, dans une famille magnat des médias qui ressemble à s’y méprendre aux Trump et aux Murdoch.
Et si vous avez déjà tout vu, vous serez peut-être tenté, par curiosité intellectuelle, de découvrir Yellowstone, la série la plus regardée aux Etats-Unis, et dont vous n’avez pourtant jamais entendu parler, projection d’une certaine Amérique blanche et conservatrice, avec Kevin Costner. Pour en savoir plus, écoutez cet épisode de Peak TV .