Deuxième épisode de Sérielle, cette semaine trois séries au programme : The Great, Run, et Vida, un épisode doudou à voir et à revoir, une revue du web et un bonus ! Et si vous aimez ce que vous lisez, n’oubliez pas de partager 💝
Bonne lecture !
The Great (Hulu)
Si vous avez vu Catherine the Great, mini-série diffusée en novembre sur Canal + avec Helen Mirren et que vous cherchez une origin story, il va falloir passer votre tour. Si la ronflante (et un peu ennuyeuse) mini série lorgnait du côté du documentaire historique, The Great se penche de son côté sur les jeunes années de Catherine II de Russie avec mordant, panache, irrévérence, et beaucoup, beaucoup d’anachronismes. Pensez Marie-Antoinette de Sofia Coppola (avec beaucoup plus de meurtres et de sexe, mais quand même des macarons), et surtout La Favorite de Yórgos Lánthimos, puisque le créateur de The Great n’est autre que son scénariste Tony McNamara.

Catherine (incarnée par la délicieuse Elle Fanning) est expédiée en Russie au jeune âge de 15 ans pour y être mariée à l’Empereur Pierre III (Nicholas Hoult). Naïve mais maligne et ambitieuse, elle débarque dans une cour impériale dépravée, aux côtés d’un souverain incompétent et imbu de sa personne. Très vite, Catherine, décidée à moderniser la Russie, complote avec sa femme de chambre et Orlo, un conseiller, pour prendre le pouvoir. The Great est à l’origine une pièce de théâtre de Tony McNamara, et souvent, on se croirait dans une pièce de Molière, où les puissants sont ridicules et stupides, et les valets et femmes de chambre les vrais maîtres du jeu. On rit beaucoup, d’un rire plutôt grinçant, et le rythme soutenu permet à la série, plutôt longue (10 épisode de 50 minutes) de ne jamais sombrer dans la démonstration historique (mais n’évite pas complètement les longueurs). A regarder si vous avez envie de d’un récit d’émancipation au féminin.
Short & sweet : Run (HBO/OCS) et Vida (Starz)
On peut regretter les longueurs de The Great, et avoir envie de formats plus courts, moins denses. Voici deux recommandations qui devraient vous plaire.
Qui n’a jamais eu envie de tout plaquer (sans parler des dernières semaines qui donneraient des envies d’évasion au plus pantouflard) ? Ruby et Billy se sont connus à la fac, et les deux exs ont fait le pacte de s’enfuir ensemble si le besoin s’en faisait sentir. Ça démarre comme une comédie romantique, avec les deux anciens amants qui se retrouvent dans un train qui traverse les État-Unis, et cela se poursuit comme un thriller, car il faut toujours se méfier des apparences. L’alchimie du duo que forment Ruby (Merrit Wever, aussi géniale que dans Unbelievable) et Billy (Domnhall Gleeson) est un argument suffisant : ces deux-là sont irrésistiblement attirés l’un vers l’autre. Dans un registre certes différent, les changements de ton de Run font bien sûr penser à Fleabag (sa créatrice, Vicky Jones, a mis en scène la version théâtrale de Fleabag, et Phoebe Waller-Bridge est ici productrice). Run est le parfait divertissement post-confinement.

Ma deuxième recommandation m’a été conseillée par une amie catalane. J’avais très peur d’un Chicas del cable (pardon Marga), j’avais vraiment tort. Vida au contraire est la série intersectionnelle du moment : il y est question de gentrification, d’identité, et de famille. A la mort de leur mère, Vidalia, Emma et Lynda reviennent dans le quartier à majorité latino-américaine de Los Angeles dont elles sont originaires. Elles héritent du bar de leur mère, d’une montagne de dettes, et découvrent que la colocataire de leur mère, Eddy, est en réalité sa veuve. Si la première saison, qui est essentiellement une exposition des enjeux, peut être un peu ennuyeuse, elle reste très courte : 6 épisodes de 30 minutes, et la seconde saison relève le niveau. Vida est une série queer, sexy, parfois sous-écrite, mais parfaite pour l’été (et si vous êtes nostalgique de votre troquet de quartier).
L’épisode doudou à voir et à revoir
Community, saison 2 épisode 14, Advanced Dunjons & Dragons (Netflix)
L’intégralité de Community est arrivé sur Netflix, j’ai donc profité des longues journées du confinement pour en revoir les premières saisons, et notamment la deuxième saison, dans laquelle les créateurs lâchent véritablement la bride de leur imagination. Le titre dit tout : l’épisode n’est qu’une partie de Donjons & Dragons, sans séquence animée, sans costumes, sans flashbacks, sans autre décor qu’une salle d’études. Un hommage sincère au pouvoir de l’imagination en un peu plus d’une vingtaine de minutes.
Le livre qui devrait être une série
Black out / All clear, Connie Willis (2012)
Après avoir regardé Le Complot contre l’Amérique (OCS), adaptation (réussie) de David Simmons du roman de Philip Roth, j’ai eu envie de me replonger dans une uchronie. Enfin pas tout à fait : le dyptique de Connie Willis se déroule dans un futur proche (après une terrifiante Pandémie d’ailleurs), où les chercheurs en histoire utilisent le voyage temporel pour valider leurs hypothèses. On suit un groupe d’étudiants partis étudier différents événements dans l’Angleterre des années 40, du Blitz à l’évacuation de Dunkerque. Et, comme dans toutes les histoires de voyage temporel, leurs actions dans le passé ont des répercussions sur le présent. Un vrai roman d’aventures qui ferait une excellente mini-série, et surtout l’occasion de rencontrer tous nos prochains BTC : Brit TV Crushes. Peut-être que Paul Mescal (Normal People) et sa fameuse chaîne pourraient y trouver un rôle.
Un peu plus de lecture
Le Bureau des Légendes a tiré sa révérence il y a quelques semaines, après 5 saisons de bons et loyaux services. Et la fin n’a pas plu à tout le monde, loin de là. Spoiler : j’ai toujours pensé que LBDL était une histoire d’amour déguisée en récit d’espionnage, j’ai donc plutôt apprécié cette fin et sa rupture de ton bienvenue. Mais comment bien terminer une série ? France Culture se posait la question l’an dernier, après la fin de Game of Thrones. Le débat est toujours d’actualité.
Dès son générique, The Great s’annonce comme “occasionnellement vraie”. Pour ceux qui aiment avoir Wikipedia ouvert sur leur téléphone pendant les séries historiques (mais ce n’est peut-être que moi !), le point sur ce qui est vrai ou pas dans la série de McNamara (en anglais).
Enfin, pour combler le vide laissé par Normal People dans vos vies (je sais que certain·e·s d’entre vous ont du mal à s’en remettre), Sally Rooney lève un coin du voile sur ce qui attend Connell et Marianne après l’université.