The Queen's Gambit, Love Life, This way up
Cette semaine, des héroïnes en veux-tu en voilà pour éclairer votre confinement (car j'aurais aussi aimé vous parler de la Flamme, mais ma connexion internet en a décidé autrement 🔥 )
The Queen’s Gambit (Netflix)
Je ne sais pas jouer aux échecs, et, pire que ça, j’assimile ça à un truc de mec matheux boutonneux et borderline incel, donc réussir à me faire tenir 7 épisodes à suivre l’ascension d’une orpheline devenue prodige des échecs dans les années 60 tient du miracle. Ou plutôt de deux facteurs : une réalisation maligne et une reconstitution élégante. The Queen’s Gambit avance comme un thriller, ou un film d’espionnage : sur le fil. Personne ne perd son temps à essayer de nous expliquer ce qu’il se passe sur l’échiquier, parce que la réalisation est suffisamment intelligente pour faire reposer l’action sur les regards échangés entre les joueurs, et nous embarquer dans la partie sans avoir besoin de rien y comprendre. C’est haletant, et ça en devient presque sexy (même si ça ne m’a pas convertit aux échecs). La prestation d’Anya Taylor-Joy, et ses yeux très expressifs, y fait beaucoup.
L’autre point fort, c’est le soin apporté à la reconstitution, avec costumes et décors impeccables On s’amusera à retrouver dans les tenues de Beth Harmon de nombreux motifs noirs et blancs qui rappellent l’échiquier. Un bémol de taille : une relative invraisemblance du propos. Il semble que Beth Harmon, jeune fille puis jeune femme qui évolue dans un milieu presque exclusivement masculin ne soit jamais vraiment confronté au sexisme. Mieux ! Chacun de ses adversaires, qu’elle défait assez aisément, décide ensuite de se mettre au service de la réussite de cette maîtresse des échecs. Et il dommage qu’on approfondisse jamais vraiment le destin de la mère de Beth, mathématicienne brillante suicidée. A travers l’ascension de Beth toutefois, la série nous parle d’addiction, de traumas non résolus et de résilience. Et c’est quand même pas mal pour un jeu aussi impénétrable à certains.
Short & sweet : This way up et Love Life
This way up (Canal +)
L’humour est la politesse du désespoir, et cela pourrait être le sous-titre de cette série drôle et touchante. Aine (prononcer Anya parce que l’Irlande et la phonétique c’est compliqué) sort d’une maison de repos après une tentative de suicide. Sa grande soeur (Sharon Horgan, le génie qui a donné au monde Catastrophe) vient la chercher, et s’inquiète pour elle, alors que Aine tourne tout à la rigolade. Sortie de la bulle hospitalière, la voilà qui va devoir reprendre sa vie en main, sans jamais perdre son humour, avec l’aide de sa soeur Shona. C’est leur relation qui est au coeur de cette excellente série, entre l’aînée sur-protectrice et la cadette fragile, drôle, qui souffre de sa solitude. Un petit bijou très court (6 épisodes pour le moment) qui fait rire et pleurer, comme une petite cousine de la divine Fleabag.
Love Life (OCS)
La vie amoureuse d’une jeune femme en 10 épisodes, depuis sa pré-adolescence, jusqu’à l’âge adulte : ça ressemble à une comédie romantique, mais ça essaye de voir un peu plus loin que le bout de son nez. Pour cette série d’anthologie (c’est William Jackson Harper, Chidi dans The Good Place qui reprendra le flambeau dans la saison 2), Anna Kendrick endosse le rôle de Darby, jeune new yorkaise, à travers les différents épisodes de sa vie sentimentale, et pas que, puisque la série essaye de se détacher de l’idée que seule l’accomplissement romantique marquerait la réussite d’une vie (le premier épisode nous dit cependant très clairement qu’elle trouvera “sa” personne à l’issue de la saison, reste à savoir qui), en s’intéressant à d’autres formes d’amour : la relation entre Darby et sa mère, entre Darby et sa meilleure amie, et son travail qui est une vraie passion. Un pas de côté (tout petit), puisque la saison se termine [SPOILER] avec Darby qui admire une de ses grandes réussites professionnelles. Et si c’était ça, l’amour de sa vie ?
Bonus
Si j’étais vraiment honnête, je vous dirais que j’attends avec impatience le retour de The Crown. Mais ça ne serait qu’à demi honnête, parce que la série dont j’attends le retour est un vrai plaisir coupable, qui a la qualité d’un téléfilm de M6 un après midi pluvieux et paresseux de vacances. J’éprouve en effet une intense nostalgie du moment où j’ai bingé Virgin River. C’était en février, juste avant le confinement, ma dernière mémorable cuite, et une gueule de bois si terrible que j’ai passé la journée au lit à regarder un programme qui ne me demandait aucun investissement intellectuel ou émotionnel. Je n’aurais jamais cru dire ça, mais je regrette infiniment cette gueule de bois, et encore plus (cela va sans dire), la soirée qui l’a provoquée. Bien sûr, regarder la saison 2 de Virgin River ne va pas me ramener les nuits passées à danser comme une débile (j’ai un style de danse qui n’appartient qu’à moi), mais nourrira probablement mon envie de retourner faire la fête dès que possible.
Un peu plus de lecture
Je ne sais pas pour vous, mais moi, la semaine dernière, j’ai l’impression d’être passée dans le rollercoaster de la politique américaine sans avoir rien demandé. Envie de voir des politiciens pétris d’idéaux ? Canal + propose l’intégrale de The West Wing, série essentielle d’Aaron Sorkin.
Noble politique toujours, mais à l’échelon local cette fois (quoique !). La merveilleuse Leslie Knope (Amy Poehler), rêvait de rencontrer Joe Biden dans la série Parks & Recreation. Pour revoir cette scène délicieuse, c’est par ici. Leslie Knope for president 2024 !
Si vous n’avez pas assez soupé des échecs, retrouvez dix scènes d’échec qui ont marqué le cinéma (oui, il y a bien Le Septième Sceau de Bergman). Et si vous en voulez encore, voilà comment ont été pensées les scènes d’échec dans The Queen’s Gambit (en anglais).